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Chasse à l’homme avec fusils à bouchon !
01/03/2010 17:38
Ségolène Royal défend BHL et se moque du monde.
par David Desgouilles
Il suffit que je remercie Ségo pour qu’elle fasse une bêtise dans l’heure. Ainsi dans l’édition de samedi-dimanche du Monde, elle signe une tribune intitulée BHL, François Mitterrand, la meute et moi, où elle prend la défense de celui qui l’avait si brillamment conseillé pendant la dernière campagne présidentielle.
Madame Royal “observe l’incroyable chasse à l’homme contre [Bernard-Henri Lévy] pour une obscure histoire d’auteur sous pseudonyme qui l’aurait prétendument piégé.” Analysons cette phrase avec rigueur.
L’aurait prétendument piégé ? Ne serait-ce pas faire preuve de la plus grande honnêteté que de retirer l’adverbe et remplacer le conditionnel par un passé composé de meilleur aloi ? La journaliste Aude Lancelin qui a levé le lièvre a démontré avec la rigueur la plus professionnelle à quel point le -déja très ancien- nouveau philosophe s’était piégé lui même en citant Jean-Baptiste Botul. Si ce n’est pas le cas, BHL doit quelques explications à la féministe que la Présidente de Poitou-Charentes se targue de demeurer. Tout de même : l’auteur de “Landru, précurseur du féminisme “ ainsi popularisé en toute connaissance de cause, ce serait pour le moins étonnant de la part de BHL !
L’incroyable chasse à l’homme contre lui ? Ségolène Royal ferait bien de consulter les dirigeants des fédérations de chasse de sa région afin de mieux connaître les rudiments cynégétiques. On a vu rarement du gibier se prêter si volontairement aux tirs des chasseurs. Combien d’émissions pour faire la promo des bouquins ? Combien de pages dans les magazines ? Le chevreuil, le lièvre, la caille et le faisan ne s’exposent pas avec un tel consentement aux éventuels coups de fusil. Même s’ils sont d’élevage. Et BHL semble davantage proche de l’animal sauvage d’expérience que de la bête nourrie au grain et jetée dans un champ de maïs la veille de l’ouverture. S’il s’est prêté au jeu de la promo même après le déclenchement de cette histoire de botulisme, c’est bien qu’il était conscient que les chasseurs étaient armés de fusils à bouchon et qu’il avait davantage à perdre en se faisant discret. Il y a pas mal d’auteurs qui rêveraient d’une telle tournée médiatique et qui seraient prêts à ajouter une jolie boulette à leurs écrits, avec les quolibets qui vont avec, pour en bénéficier.
D’ailleurs, Lévy avait, au début, fait mine d’en rire même s’il tentait de minimiser le ridicule de la situation. Mais le monsieur est susceptible et n’est pas autant capable d’auto-dérision qu’il ne le laissait entendre. D’où le ras-le-bol exprimé devant Demorand au début de cette semaine et l’appel aux amis -et amie, en l’occurrence- pour crier leur soutien à l’homme outragé. Si une phrase rappelant certaines tournures des discours ségoléniens au printemps 2007 ne m’avait pas rappelé que l’ancienne candidate socialiste était bien l’auteur de cette tribune, je me serais laissé aller à croire que c’était bien BHL qui avait préparé le texte lui-même.
Tout cela prouve que si Madame Royal reproche à juste titre à son amie Aubry de fréquenter Alain Minc, elle compte encore, pour sa part, sur BHL. Match nul. Vraiment nul.
Post-scriptum ajouté le dimanche 28/02/2010 à 13h00 :
Dans sa tribune, Madame Royal fait aussi allusion au journal Libération qui aurait “été contraint de fermer tous ses forums de discussion “accrochés” aux articles de et sur Bernard-Henri Lévy, tant ils étaient envahis de commentaires antisémites.”
Il semble qu’elle soit mal renseignée : Daniel Schneidermann, dans l’édition de Marianne de ce samedi, nous apprend que Libé a fermé les discussions de manière préventive car, d’après Florent Latrive, ils savent “que les articles sur BHL génèrent ce type de commentaires”.
Sur Causeur, où pas moins de trois articles ont été consacrés à BHL-Botul, pas de commentaires antisémites. Il ne me semble, non plus, en avoir lu sur Marianne2.fr. Mais il semble que sur Libération.fr, le principe de précaution soit nécessaire. Rien à voir avec une antisémite chasse à l’homme donc, en l’occurrence.
On attend donc le rectificatif de Madame Royal avec impatience.
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